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CR Grand Raid 6666

Samedi 11 juin 2016 – départ à 6h du mat’ depuis la place principale du village de Roquebrun (34) de mon 1er ultra-trail depuis 2 ans et mes abandons. Après une année 2015 et de bonnes performances sur 60 et 80km, je décide de m’attaquer à un monstre : le Raid 6666, organisé par le vainqueur sortant de la Diagonale des Fous. C’est d’ailleurs une mini diagonale : tout un programme. 117km pour 6900mD+ à parcourir en 31h max. J’arrive la veille, dans l’après-midi après avoir essuyé un orage sur la route. Je retire mon dossard et vais m’installer au camping. A peine la tente montée qu’il pleut un peu à nouveau. Je commence à préparer mes affaires pour la course et à remplir le sac à déposer à Mons, à la base-vie (km84). Je serais bien chargé, car les réserves d’eau devront souvent être pleines car le soleil est annoncé pour la course qui va traverser des canyons, crêtes minérale et montagnes de pierres, à travers le massif du Caroux. J’essaye de bien répartir les barres nécessaires jusqu’à Mons puis pour terminer. Je place un t-shirt de change et des affaires plus chaudes pour la nuit. La frontale est prête, la crème solaire aussi. Je mange pour 19h30 et lis patiemment sous une nouvelle averse une heure pas trop tardive pour me coucher. Je ne dormirai quasi pas, anxieux. Une grosse course, un ultra depuis longtemps : l’anxiété me gagne. Je me lève à 4h30 alors que tout le camping s’éveille aussi. Après le déjeuner, je me rends sur la ligne de départ où les coureurs arrivent à tour de rôle. Nous serons près de 370 à nous élancer sur le parcours tracé par Antoine Guillon, sur ses sentiers d’entrainements. Pointage avant le départ, briefing. Antoine Guillon insiste sur l’hydratation : le ciel sera majoritairement voilé mais les températures de 25°C prévues mettront aussi les organismes à rude épreuve dans le Caroux et le maquis héraultais. Le départ est donné à 6h, au doux son de Muse et The Resistance. Je ne pouvais pas espérer mieux pour me donner la motiv’ de me frotter à ce parcours exigent. Mon pouls est déjà à 120puls/min alors que je n’ai pas commencé à courir. Je suis stressé mais vaille qui vaille, je m’élance dans le flot des quelques 370 partants. Nous traversons le village de Roquebrun sous les acclamations des villageois et accompagnants des coureurs. Ca fait du bien au moral, la journée promet d’être longue. 4km de piste entre maquis et vignes avant de venir butter sur un 1er raidillon droit dans la pente. 1000 senteurs de thym, romarin, lavande et cyste, rehaussées par la pluie de la veille au soir. Nous enchainons alors les montées et les descentes, roulantes, sans grande difficulté dans ce même joli décor et passons à St-Nazaire-de-Ladarez. 1er ravito au km19, à Cabrerolles et 1er état des lieux : ça va. Je m’envoie bien, peut-être un peu trop bien dans les descentes et adopte un rythme nettement plus tranquille dans les portions montantes. Je n’hésite pas à marcher quand la pente est forte. Reste 11km avant de boucler le 1er tronçon de ce grand raid, et rejoindre Lamalou pour boucler la portion la plus facile de la course… J’ai déjà 2h16 dans les jambes au moment de repartir de Cabrerolles et monter aux ruines du château. Un petit extra nous mènera avec quelques coureurs quasiment au Pic de la Coquillade : en suivant ceux qui nous précédaient, je n’ai pas vu la rubalise et le cairn qui nous fait plonger vers la vallée de l’Orb et Lamalou. Longue et belle descente. J’essaye de ne pas trop m’envoyer après les premières descentes oùj’ai bien forcé. Aux Abbes, nous sommes sur une route et c’est chiant jusqu’au ravito : longue traversée sur enrobés jusqu’au centre de Lamalou et le ravito dans la salle des fêtes. Il y a foule dans le village. Je glisse sur la partie désescalade sur blocs de schistes et m’érafle le bas du tibia gauche. Ça pique un peu, c’est gonflé, mais je n’y pense pas… Je boucle cette première étape de 31km en à peine 4h. Rapide, trop… Je le sens car j’ai besoin de me reposer, déjà. C’était prévu, mais bon, je suis un peu entamé j’ai l’impression et la nuit blanche commence à me faire sentir les 1ers signes de fatigue, ce qui n’est pas de bonne augure. J’essaye malgré tout de bien manger, boire et me reposer un peu car les choses sérieuses vont « enfin » commencer !

CR Grand Raid 6666

Anecdote sympa au sortir du poste de ravitaillement. Je croise une grand-mère appuyée sur son déambulateur, qui marche très lentement sur la route et qui s’arrête à notre passage, quand elle s’exclame « c’est de la provocation de nous montrer ça ! » J’explose de rire, car pour le moment, le moral est encore au beau fixe et la punch line fait sourire quand on est traileur car on sait que les lendemains de courses, on ressemble à ces personnes âgées. 7km de montée nous attendent avant Madale (km38). Nous commençons par sortir de Lamalou en remontant la piste de DH suivant le GR7. On commence à ressentir la chaleur et il n’est que 10h du matin, d’autant que le soleil fait de plus en plus son apparition dans le ciel héraultais. J’ai pensé à mettre de la crème solaire à Lamalou. Je monte tranquille, c’est beau. Les paysages de maquis ont laissé la place à un paysage plus typé moyenne montagne avec des vallons, des torrents et des villages disséminés un peu partout : nous somme dans le Caroux, là où la pierre règne en maître. Je commence à avoir faim et décide vers le km36 à ma’arrêter à l’ombre, manger un morceau alors que le terrain est plat, en forêt, avant que ça ne remonter vers Madale. Solide, ça fait du bien et reprend des forces. Je serais quand même obligé de reprendre une pâte de fruit avant Madale et avant de plonger vers Colombières, en prévision des 7km de descente. Bien m’en a pris car la descente est splendide mais extrêmement difficile. Nous hésitons un peu au sommet sur le chemin à suivre. Je lirai bien le paysage et on se dirige sur le sentier de PR qui descend en serpentant entre les blocs rocheux. Gneiss et schistes omniprésents. C’est splendide : nous sommes sur les contreforts du Caroux et le terrain est devenu technique. La descente sollicite énormément la vigilance et aussi les cuisses car le sentier est cassant. Pas mécontent d’arriver à Colombières (km45 – 6h35 de course).

CR Grand Raid 6666

La montée de Madale a été difficile, j’ai géré, ma descente meilleure. Je mange bien, sors la casquette car le soleil sur le rocher nous a bien chauffé. La suite, sera encore plus chaude, car la mi-journée est arrivée ! 16km assez rude nous attende pour rallier la mi-course, second objectif de la journée. Je prends mon temps à Colombières et essaye de recharger au mieux les batteries. Je regarde le parcours : La Fage et son point d’eau au km48.6 puis descente vers Cours-le-Haut avant une montée/descente vers Andabre (km60.7). Je commets une grossière erreur de lucidité en me focalisant sur la montée de La Fage où nous retrouverons un point d’eau 3.5km après avoir quitté Colombières. La fatigue s’est déjà emparée de moi sans que je m’en rendre compte, je suis déjà trop entamé physiquement et mentalement et ne retient pas la montée qui succède à Cours-le-Haut. En sortant du ravitaillement, quelques marches et bancs rocheux nous fond rapidement prendre de l’altitude et dominer le village de Colombières. Nous allons nous enfoncer dans les gorges de Colombières et remonter un superbe sentier avec de nombreux passages en corniche, comportant des pierriers et réservant de superbes vue sur le torrent de l’Orb et ses multiples vasques… Autant de rêves de se rafraichir sous le soleil de plomb. Je marche et relance rarement. Montée difficile, pentue. Je prends du temps à la Fage (km48.6) pour manger et boire, je suis très fatigué à ce moment de la course et tarde à repartir. Je passe à 14h20 environ, les 2 premiers, eux, sont passés vers 11h10, soit 3h plus tôt ! Des avions, nous ne sommes pas sur la même planète, mais nous le savons et ce n’est pas ce qui me plombe. Je repars avec un alsacien, très sympa !! Nous ferons un bout de chemin ensemble. Lui comme moi avons pour objectif d’avancer et de terminer en 24h environ. Il ne faut pas s’affoler et nous repartons tranquillement, d’abord sur la route (ça repose, et à ce moment, j’apprécie, ce qui n’est pas dans mes habitudes). Courte montée vers Rosis puis descente vers Cours-le-Haut. C’est à ce moment que je commence à avoir perdu complètement ma lucidité et que je fais n’importe quoi. Je ne m’attends pas à avoir une grosse montée, je pense que la bascule va vite arriver donc j’attends d’apercevoir le sommet pour manger un morceau car je commence à avoir faim. Et cette portion est interminable. Je crois en la délivrance en apercevant un collet et une maison un peu après le château de Nébuzon, mais au lieu de ça, c’est montée en crête sur la Serre de More ! Je prends un coup derrière la tête en apercevant les autres coureurs tout aussi lent que moi. J’accuse le coup, je suis fatigué, j’ai faim, je m’arrête manger mais rien ne passe excepté une pompote. A cet heure-ci, mes chances de continuité au-delà d’Andabre sont faibles… Je suis dépité d’autant que c’est très très raide. On ne voit pas le bout de cette montée dans la garrigue. En plus, le vent souffle assez fort et je me refroidis. Je m’arrête longuement, je n’en peux plus. La fin d’ascension est un vrai calvaire. Heureusement, à la bascule, on arrive vite au Portail de Roquandouire : il reste 3.5km avant le ravito d’Andabre (km60.7). Je ne cours pas beaucoup dans la descente : je veux juste arriver au village, me reposer, essayer de manger pour reprendre des forces. Il le faut. Après Andabre, c’est la partie la plus difficile du parcours qui nous attend. D’abord la montée chrono puis le plateau du Caroux et le ravito de Douch (km71). Derrière, même si le profil n’est pas trop défavorable, on n’avance pas vite selon les propres mots d’Antoine Guillon. Reste alors 13km avant la base vie de Mons (km84) pour espérer rentrer à Roquebrun. Bref plus de 1200mD+ en 24km et 3 beaux cols. Il faudra un max d’énergie et de lucidité. A peine plus de 11h de course à l’entrée de la zone de ravitaillement d’Andabre, dans une cours. Je peine à manger. Uniquement la boisson passe. Il ne faut pas que je boive trop. Je retrouve mon collègue alsacien, lui aussi en faillite. Je mange malgré tout un peu et m’allonge. Il faut que j’essaye de dormir. Ca fait du bien, pendant presque 30min je suis allongé les yeux fermé, mais quand j’émerge, j’ai encore du mal à manger et je n’ai pas trop d’énergie. Après 45min dans la zone de ravitaillement, je décide, à contrecœur de jeter l’éponge… Je ne verrais pas Roquebrun au petit matin. Je suis dégouté. Abandonné par me forces, je n’ai pas l’énergie suffisante pour affronter le Caroux. J’ai commis trop d’erreurs aujourd’hui : un départ trop rapide où j’ai laissé trop de force et des problèmes d’alimentation du à une trop grand quantité de boisson pour éviter la déshydratation. J’ai le ventre en vrac ! Et puis cette nuit blanche où je n’ai fait que penser à la course, à son déroulement… Je me suis mis trop de pression. Bref, je vais devoir revoir certaines choses pour la suite, notamment l’approche des courses. Il ne faut pas se mettre tant de pression à refaire la course et surtout l’alimentation ! Manger carrément plus de solide et salé tot dans la journée, chose que j’ai négligé aujourd’hui. Encore une expérience ratée sur ultra, même si celui-ci est particulièrement coriace et ardu ! L’un des plus dur de l’hexagone je pense. Trop gros pour moi… A voir, je m’y refrotterai à l’avenir. La navette nous ramène à Roquebrun. Le temps de me doucher au camping et j’ai le temps d’assister à l’arrivée des 2 premiers, le maintenant triple vainqueur de l’épreuve qui fait le doublé. Son dauphin arrive 15min derrière. Je me couche tôt et passe une très bonne nuit après avoir bien mangé…

Tag(s) : #Rando'Trail
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