Tête de la Fréma (3151m)

Lundi 14 juillet 2014 – la nuit n’a pas été trop fraiche, grâce aux nuages qui sont restés présents une bonne partie de la nuit. Le ciel est encore partiellement couvert au levé et le soleil n’est pas encore passé au-dessus des montagnes. Aujourd’hui, nous allons démarrer notre rando à Fouillouse et réaliser partiellement (ou totalement), nous verrons bien, le tour du Brec de Chambeyron. L’issue dépendra de la météo qui doit être incertaine. Il faut 30min pour rejoindre le hameau de Fouillouse et dépasser le pont du Chatelet qui enjambe l’Ubaye qui coule 108m plus bas. D’une longueur de 28m, il est simplement impressionnant. Belle prouesse ! Nous traversons à pieds le village est obliquons de suite en direction des contre forts de la Souvagea. Pas de temps de chauffe. Nous sommes directement dans le vif du sujet avec un sentier qui monte raide dans les alpages où beaucoup de marmottes sifflent. Nous rattrapons régulièrement des randonneurs partis bien avant nous et atteignons le refuge du Chambeyron en 2h (2626m). Le sentier nous aura réservé quelques beaux points de vue sur la Meyna, hélas un peu sous les nuages, tout comme la Mortisse, la Pointe Jean Rostand et le Pic de Panestrel, ensemble de sommets qui marquent la limite entre la vallée de l’Ubaye et le Queyras. Le sentier est malgré tout agréable à parcourir : de la terre, des pierres et toujours beaucoup de pierre. Après une première partie très raide, nous pouvons relâcher un peu nos efforts avant d’avoir un dernier petit coup de cul pour dépasser le verrou de la vallée du Chambeyron. Là, le refuge s’offre à une, avec en toile de fond les Aiguilles de Chambeyron masquées par les nuages restant accrochés à celles-ci. Le Brec de Chambeyron, lui est encore dégagé. Au pied du refuge, le Lac Premier aux eaux bleues turquoises qui contrastent bien avec le vert de la pelouse d’altitude. Nous poursuivons notre ascension en direction du Lac des 9 Couleurs en franchissant le ressaut de la Croix Bujon. Nous découvrons alors le Lac Long, magnifique lac enclavé autour d’une moraine.

Une fois dépassé ce ressaut masquant le lac, le sentier devient plus plat et slalome entre les blocs charriés par l’ancien glacier. Un seul regret, celui que les nuages masquent les sommets fermant le cirque du Chambeyron. La Tête de la Fréma est d’ailleurs régulièrement prise dans la brume, qui passe aussi sur le Brec de Chambeyron. Son ascension va être compliquée. Mais, une fois arrivés au niveau du Lac des 9 Couleurs (2841m), on découvre un lac encore partiellement pris par les glaces. Seule la partie centrale est libre, alors que les bords commencent juste à voir la glace fondre. Le caractère sauvage est encore plus renforcé. Nous regardons en direction du Col de la Gypière (2927m) et découvrons un névé sur le sentier. Nous prenons de la hauteur en direction du col et nous constatons que la neige est molle et que des traces permettent de franchir cette difficulté. Je passe seul le névé et débouche au col. La vue sur le vallon italien de Stroppia est totalement bouchée. Je distingue juste le Lac Supérieur de Stroppia et le bivouac de Barenghi, petite cabane bleue et jaune. Le sommet de la Fréma n’est plus dans les nuages, je fonce donc en direction de la Tête de la Fréma (3151m) que je rejoins en 17min, sur une petite sente bien marqué, qui zigzague dans les plaquettes d’ « ardoises ». Je prends de la hauteur et constate que je suis presque au niveau du sommet du Brec de Chambeyron, c’est superbe, d’autant que les nuages me laissent entrevoir le sommet. La vue sur le vallon du Chambeyron est splendide et ce n’est pas le grésille temporaire qui me rebute.

Je gagne le sommet où je prends le temps d’admirer le paysage depuis la croix sommitale. La pente versants nord et ouest est vertigineuse. Et miracle, les Aiguilles et le Brec de l’Homme se dégagent laissant place à un monde de rocailles avec ces superbes sommets dépassant les 3000m, de belles aiguilles acérées. Je redescends vers le Lac des 9 Couleurs en surfant un peu sur le névé du col. Au final, nous allons rentrer par le Pas de la Couletta plutôt que de boucler par le Col de Stroppia : il est fort probable qu’un névé mal placé occupe le col. Pas de prise de risque inutile. Rapide repas dans la fraicheur du lac et nous repartons sur nos pas jusqu’au Lac Long où un sentier nous dirige vers le Pas de la Couletta, en traversant les éboulis et la moraine. Le sentier est bien cairné et nous rejoignons rapidement le Pas de la Couletta (2752m), sous le soleil, avec une belle vue sur la Lac Premier et la dépression du Refuge du Chambeyron, sous la Souvagea. Cette fois, à cause des nuages, nous n’apercevons pas le Trou de l’Ane. La vue s’arrête à l’Enchastraye alors que le Meyna est à présent dégagée, avec une belle vue sur le Col de Mallemort. Nous nous élançons dans la descente vertigineuse du Vallon des Aoupets, face au Rocher de St-Ours et ses différents sommets et sous le Brec de Chambeyron, qu’un planeur survole. Le vallon nous offre quelques belles vues sur le rocher pourri du Chambeyron et de belles stries glacières sont visibles sur les flancs de la Génisses. Nous voyons de belles joubarbes (et très odorantes) et de nombreuses gentianes des neiges aux couleurs éclatantes. Plus bas des arnicas, des edelweiss, orpins, télékines et bien sur des campanules. J’adore cette période où la nature nous offre ce qu’elle a de plus beau. De retour à Fouillouse, nous verrons même des Lys martagon, une première. Après une dégustation de glaces artisanales bien méritées au Gîte des Grange, nous rejoignons Larche et son camping où la nuit s’annonce nettement plus fraiche, nuage absent, annonçant un beau mardi. Il va pourtant falloir une bonne nuit de sommeil pour récupérer des 19km et 1370mD+, avant d’affronter la dernière rando du côté de Maljasset.