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Dimanche 25 septembre 2016 – tout le monde a globalement bien dormi malgré l’appréhension de la course des arêtes de la Malédie. Nous nous levons à 6h00 et bouclons les sacs avant de prendre le petit déjeuner dans la salle commune. Le ciel est étoilé et encore noir. Il ne fait pas trop froid dehors. La fraicheur tombe lorsque les 1ers rayons du soleil apparaissent sur le Colomb. Nous quittons le refuge pour 7h30 et redescendons au niveau des torrents du Clapier et de Pagari (les eaux se jetant dans le Lac de la Fous). Le sentier s’élève sur la croupe séparant les 2 torrents. Nous chauffons vite, surtout avec les sacs lestés sur le dos. Arrivés aux Lacs Clapier (2537m), le ciel est superbe : clair et les sommets sont déjà tous visibles : Clapier, Mt Rond, Colomb, Niré, Tête du Lac, Ponset et Neiglier. Il reste encore 300mD+ avant d’atteindre le Pas de Pagari (2798m). La montagne est calme, personne à l’horizon, à part quelques personnes, probablement des italiens sur la Cime de Pagari. Derrière nous, nous avons pu observer 2 groupes en route pour la Malédie, comme nous. Ils finiront par nous rattraper et nous dépasser peu après les lacs du Clapier. Ils montent sur un rythme très soutenu. Pourtant, malgré les sacs lourds, nous tenons une bonne cadence d’alpinistes, à un rythme régulier. Nous passons entre les 2 lacs et atteignons une petite dépression. Là, un fléchage jaune indique le Pas de Pagari. On voit partir main droite des crains indiquant la voie normale du Clapier : ce même sentier que nous n’avons pas trouvé lorsque nous avions tenté l’ascension de ce 3000m à l’automne. La pente s’accentue, mais au moins, à présent, le soleil est assez haut pour nous réchauffer. Il fait bon et nous nous rapprochons du début de l’arête en passant sous le Mt Rond et les falaises de Pagari, toutes déchiquetées. Un passage s’ouvre d’ailleurs. Il permet de gagner par une sente le pied de l’arête de la Malédie. Mais sur les conseils du gardien du refuge, nous montons jusqu’au Pas de Pagari pour faire la traversée intégrale, incluant la traversée du Serre de Pagari. Le passage de ce col à près de 2800m d’altitude est toujours un grand moment : vue magnifique sur le couloir du Muraion et la face Nord de la Malédie qui de là, ressemble à une dent de requin. Le Mt Clapier est superbe : une pente régulière recouverte de pierres et une face nord elle aussi bien raide. Bégo, Capelet, Chamieye émergent particulièrement bien.

Dès que nous repartons du col, nous devons gravir quelques ressauts pour enfin arriver le long d’une arête. Le cheminement est évident et nous prenons bien garde d’évoluer du côté du Lac Long pour ne pas s’approcher de l’arête : le côté italien est dangereusement vertigineux ! Approche carrément plus sympa que de passer dans le pierrier sous le Serre et au moins, nous pourrons dire que nous avons réalisé l’intégrale de la traversée. Il nous faut environ 1h pour arriver au pied de la Malédie, non sans admirer le magnifique Gélas. C’est l’heure : nous mangeons un morceau, veillons à bien boire et enfilons baudrier, casque avant de nous encorder et de préparer quelques sangles et coinceurs. Nous allons progresser à 2 cordées et progresser un maximum en corde tendue. Très rapidement après nous être lancé dans la voie, pas de répit : nous devons escalader un pas un peu délicat en surplomb. Heureusement, un piton en place permet de se protéger et de s’aider d’une sangle en place. La suite sera plus facile : un rocher de gneiss bien compact, des passages en dalles et une arête assez large dans l’ensemble avec des passages en vire, ce qui permet de ne pas trop entrevoir le gaz sous nos pieds. Je trouve l’arête du St-Robert nettement plus impressionnante avec le vide omniprésent. La 1ère partie de l’arête est en montée. Il restera quelques gendarmes à négocier sur le haut, à 3000m d’altitude, lorsque nous apercevrons les 2 croix au sommet de la Malédie. Un passage retient particulièrement l’attention des 2 cordées : une dalle avec 2 pitons en place. Ils permettent de sécuriser le passage exposé. Peu de prises de main et encore moins pour les pieds. Le topo parle de pas de IV… Nous sommes plutôt face à un pas de V ! Mais bon ça passe avec un peu d’engagement. La chute est interdite de toute façon.

Quelques desescalades et remontées avant de terminer par arriver au sommet de la Malédie à 3059m après quasiment 2h de course d’arête. Magnifique ! Un panorama exceptionnel : Gélas, Argentera, Nasta, et plus loin, le Monte Viso très blanc. Les Monts Rose et le Cervin sont aussi visibles par-delà la plaine du Pô. La vue sur le Mercantour est magnifique ! Et le Lac Long, splendide, immensément bleu. Nous goutons note plaisir d’être venu à bout de cette arête cotée AD- avec de beaux passages d’escalade. Repas au sommet avant de descendre le second sommet du Mercantour (par son altitude) par sa voie normale, que nous redoutons : chaque bloc est en équilibre précaire, enchevêtré les uns aux autres. Un pierrier suspendu et une voie cotée PD-. La prudence devra nous guider en descendant les couloirs successifs jusqu’à atteindre le glacier de la face nord. Nous mettrons 1h à rejoindre le Pas de la Malédie (2927m) moyennant quelques hésitations sur la voie à suivre. Il reste quelques traces des chutes de neige de la semaine passée : elle est complètement glacée sur cette face nord et rend la descente encore plus difficile. Il fait froid à l’ombre, le rocher est glacial et la descente nous épuise : l’attention portée à son maximum. Un grand OUF lorsque nous rejoignons le pas de la Malédie, marquant notre retour au soleil. La voie normale est vraiment difficile et mauvaise, dangereuse même. Le névé niché au pied de la voie normale est plus petit que 2 ans auparavant lors de notre 1ère ascension de la Malédie. A peine 4km de parcourus depuis le refuge de Nice et déjà 6h30 de course !

Il nous reste encore un bon bout de chemin avant d’arriver au parking du Pont du Countet : c’est d’un pas décidé que nous nous lançons dans la descente de la dernière difficulté du parcours, la descente du Pas de la Malédie : une sinécure. Facile face au lac Long. Nous suivons ensuite les cairns nous facilitant la descente vers ce lac. Nous tirons vers la croupe séparant 2 combes et nous retrouvons ensuite dans la combe de Chafrion avant de descendre sous les Terrasses du Gélas. Là, la Malédie et ses arêtes se détachent dans le ciel qui se voile. Une harde de bouquetins nous observe descendre vers le lac où nous profitons de la vue sur les sommets. Nous contemplons les arêtes et voyons le départ et les différents gendarmes. 2 beaux bouquetins jouent alors avec les ombres en posant face au sommet : ils sont très proches. C’est rare de les voir si proches de nous. La descente jusqu’au Lac de la Fous est longuette et pénible. Nous prenons une petite pause avant de terminer notre marche par le retour en vallée : encore 1h15 via le mur des italiens où une harde de chamois a pris ses quartiers. Nous avons activés le mode robot pour rallier le parking. Les sacs commencent à peser et la fatigue nous gagne. Le soleil a disparu et les vasques, même limpides ne prêtent pas à se baigner. Il est 18h30 quand nous arrivons aux voitures. La fraicheur tombe déjà et ça fait environ 10h de déplacement. Une très grosse journée, bien remplie, mais très intéressante où nous aurons pris un plaisir maximum en montagne. La route vers Nice est longue et chacun pense déjà à se reposer avant d’attaquer la semaine.

Tag(s) : #Rando Alpes
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