Aven Abel (129-O2)

Dimanche 29 septembre 2013 – Déluge annoncé sur la Côte d’Azur et le Plateau de Saint-Vallier. Alors que des éclairs illuminent le ciel à mon levé puis des coups de tonnerre en sortant, je me dis qu’avant de descendre sous terre, je serais encore bien mouillé ! Le rendez-vous est fixé à 9h peu après le Col de Lèque (en allant vers St-Cézaire). Et là, comme depuis le départ de Nice, pas une goutte de pluie malgré un temps plus que bouché sur l’Audiberge et l’Estérel. On aperçoit même un peu le soleil derrière quelques nuages qui se dégradent. Nous improvisons un petit déjeuner à l’entrée de la cavité 129-O2 ou Aven Abel. Cette sortie s’inscrit dans le cadre des travaux de désobstruction visant à rejoindre le collecteur entre l’Aven de l’Air Chaud et la Grotte de Pâques. Pour y parvenir, la cavité a connu de nombreux travaux de désobstruction, notamment par le Club Martel du CAF de Nice-Mercantour et la pose d’un câble électrique de 220 volts. L’objectif du jour est de descendre au Camp à -280m un câble électrique de 200ml qui a été déposé en bas des puits d’entrée à -109m. Ceci permettra de poursuivre la désobstruction où elle est actuellement arrêtée à -329m, pour enfin rejoindre le collecteur.

Il est prêt de 10h30 quand nous amorçons la descente, dans un premier temps jusqu’à une profondeur approximative de -100m : il s’agit d’une succession 4 puits dont un P32 et un P27. La descente s’effectue rapidement, toutes les étroitures ayant été gommées pour faciliter la descente en fond de réseau. On débouche ensuite dans la galerie sub-horizontale, juste après une petite zone chaotique. Puis c’est une grande salle qui se transforme en méandre assez large au départ. En son milieu il y a un rétrécissement, appelé chatière, sur environ 2m durant lesquels il est nécessaire de ramper sur un mince lit de boue. Le toit est complètement lisse : nous sommes sous le niveau de chevauchement de l’écaille de Saint-Vallier sur celle de Saint-Cézaire, ce qui constitue l’intérêt géologique de la journée. Quelques amas nous obligent, avec notre câble à nous contorsionner et à jouer les funambules. Une couche d’argile sépare les bancs calcaires du jurassique et ceux du trias. Après ce rétrécissement, le cheminement est un peu moins rectiligne avec des petites vasques à franchir au prix de quelques pas d’escalade. On arrive ensuite à -153m au Carrefour où un méandre part, dans lequel on voit de très belles concrétions, une coulée de calcite et des concrétions en forme de champignons. Au bout du méandre, on accède à un P12 qui revient un peu sous le méandre principal. Là, on enchaine une nouvelle succession de puits dont l’un débouche sur l’ancien siphon à -191m. C’est aujourd’hui une « simple » voute mouillante très bien élargie par les travaux de désobstruction. Il reste de l’eau, pas fraiche du tout mais boueuse à souhait. On enchaine ensuite sur 2 beaux puits, un P16 et un large P30 aligné sur une grosse fracture, qui nous amène directement à -280m au niveau du camp. La seconde partie aura été plus aisée à trimballer le câble. Nous regardons le départ d’un méandre dans lequel les travaux de désob ont été arrêtés le secteur était trop chaotique avec des blocs en vrac menaçants de tomber. Le dernier puits menant au Camp (-280m) marque l’apparition de la terre et de la boue, qui sera, parait-il très présente sur les derniers mètres menant à -329m. C’est là que les travaux de désob sont en cours, tant pour sécuriser la zone que pour déboucher sur la rivière. Le câble que nous avons descendu va permettre de travailler plus facilement en amenant l’électricité pour le perforateur (et sa mèche de 1.3m). Le retour s’effectue par le même chemin, en profitant un peu des belles concrétions excentriques et aux parois de calcaire blanc très clair. Cette cavité se visite sans trop de difficulté, en partie grâce aux élargissements qui y ont été réalisés. Nous passerons au final 6h sous terre et sortirons sous un beau ciel bleu, après le passage d’un très bel épisode orageux.