Tête de la Gipière (2626m)

Dimanche 18 janvier 2015 – réveil un peu difficile, les yeux collés. Le jour se lève à peine sur les Aiguilles de Pelens et les premiers rayons de soleil les lèchent de leur belle couleur rosée. Le Cairas, sommet emblématique du Haut Verdon et la Fréma se parent aussi de ce rose magnifique. Spectacle encore plus enchanteur le matin que celui d’une harde de chamois dansant sous les barres d’un pied alerte derrière le refuge. La température nous saisit au moment de nous équiper pour la course du jour : -11°C affiché au thermomètre et un vent glacial souffre sur la Cantonnière ! Direction le Col de la Cayolle. Il est difficile de se réchauffer surtout que l’allure, le long du torrent des Garrets n’est pas très importante. Nous prenons vite de l’altitude en suivant des traces de ski, que nous quittons car elles nous emmènent trop à l’Ouest. Nous traversons une petite prairie (le Clot Pascal) avant de monter une bonne pente et de rejoindre la route du Col de la Cayolle complètement enneigée. Nous la suivons un temps car trop de falaises autour de nous. Plus haut, nous apercevons quelques murs de soutènements, s’ajoutant à la curiosité lieux. Puis nous décidons de couper les virages en prenant la pente comme elle vient. De la neige, de la pente : on ralentit naturellement jusqu’à choisir l’option de rejoindre le Col orographique de la Cayolle à 2338m, un peu plus haut que le col routier (2326m).

Là, nous contournons un mamelon et découvrons un paysage grandiose : le col est là, et nous sommes face à la Tête de la Gipière (2626m) prolongée au nord par la de l’Eschillion. Les flancs sont marqués de ridelettes, témoins du vent violent qui s’est abattus sur le secteur les jours précédents. Il semble y avoir peu de neige fraiche d’ailleurs ou alors complètement gelée. Mais nous allons le découvrir car nous y allons. Au col tout est glacé, givré et des formes inatuendues se sont développées sous l’effet du vent, autour des cailloux, sur les petits arbres et sur la neige. Plein nord, Bayasse et ses sommets. On aperçoit déjà le Col de la Petite Cayolle entre le sommet des Garrets et le Trou de l’Aigle. Nous cherchons un peu le meilleur itinéraire qui nous mènera au sommet de la Gipière, entre verglas et pente trop exposée, nous y arrivons. Un cairn givré marque le sommet à 2626m. Nous redescendons de quelques mètres et arrivons sur un petit promontoire bien venteux. Nous prenons le temps de graver ces paysages dans notre mémoire tant c’est beau. Le Trou de l’Aigle et ses sommets en grès : Fort Carra, Cote et Pointe de l’Ane, la Sanguinerette, Sanguinière et son col homonyme, Roche grande, splendide. Plus loin, c’est le col de Cime Plate et la Cime. Que de souvenir à regarder ses paysages. On devine même un bout de la Cime de Pal. Tout y passe !

Mais il faut déjà redescendre sous peine de prendre vraiment froid. Nous nous éclatons dans la descente, dans une bonne neige et rejoignons le col pour manger un bout. Il ne nous reste alors qu’une heure de descente avant de retrouver la Cantonnière. Durant ce laps de temps, nous pourrons nous éclater dans des pentes et descendre en glissant, surfant : un vrai plaisir que de trouver toute cette bonne neige et de pouvoir descendre à notre guise, tout en apercevant un couple d’aigles royaux planer dans les airs. Dans les sous-bois, de nombreuses traces de lièvres variables, dont les pattes arrière viennent marquer devant les pattes avant… Mais aussi des empreintes de renards, des labours de chamois et d’hermine. Nous arrivons au point de départ, marquant la fin de la journée après une dizaine de km de marche et 850mD+. Des images plein la tête et de bons moments de partage qui vont rester un moment à l’esprit. Puis, à Nice, un dernier regard dans le rétroviseur, juste le temps d’apercevoir le Pétoumier enneigé que je m’apprête à filer déjà vers Avignon.